Cancer de l’ovaire chez la femme âgée : Repenser la prise en charge pour une meilleure survie

Le cancer de l’ovaire, deuxième cancer gynécologique le plus fréquent au Maroc, représente un défi majeur en raison de son diagnostic tardif et de sa gestion complexe, en particulier chez les femmes âgées.

Epidémiologie et particularités du cancer de l’ovaire au Maroc

Le cancer de l’ovaire est le cinquième cancer féminin le plus courant au Maroc, après ceux du sein, du col utérin, de la thyroïde et colorectal. Bien que dans le monde, il soit plus fréquent chez les femmes âgées de 65 à 74 ans, les données marocaines montrent un pic d’incidence entre 45 et 64 ans. Ce décalage peut être dû à des facteurs environnementaux ou génétiques spécifiques.

Les formes histologiques principales

  • Carcinome séreux de haut grade : le plus fréquent, agressif, et souvent diagnostiqué à un stade avancé.
  • Formes moins courantes : carcinomes endométrioïdes, mucineux, ou à cellules claires, souvent avec des pronostics variés selon le stade.

Défis diagnostiques : pourquoi si tard ?

Le diagnostic du cancer de l’ovaire reste un défi majeur car les symptômes précoces sont pauvres et aspécifiques.

  1. Symptômes au stade précoce
    • Pesanteur pelvienne.
    • Douleurs abdominales diffuses.
    • Irritation urinaire ou saignements inhabituels dans les cas de tumeurs sécrétantes.
  2. Symptômes au stade avancé
    • Augmentation du volume abdominal due à une ascite.
    • Perte de poids, satiété précoce et diminution de l’appétit.
    • Découverte d’une carcinose péritonéale ou de métastases.

Quels sont les examens clés pour le diagnostic ?

  • Imagerie :Echographie abdomino-pelvienne ou scanner thoraco-abdomino-pelvien selon les symptômes.
  • Marqueurs tumoraux : CA125, ACE, CA19-9, utiles pour orienter le diagnostic, bien que peu spécifiques.

Approche thérapeutique : un défi multidisciplinaire

  • La prise en charge du cancer de l’ovaire chez la femme âgée nécessite une approche multidisciplinaire adaptée à l’état général de la patiente.
  • Les traitements standards incluent la chirurgie et la chimiothérapie, mais ils doivent être ajustés en fonction des comorbidités et de la fragilité de la patiente.
  • Des stratégies thérapeutiques personnalisées sont essentielles pour optimiser les résultats tout en minimisant les effets secondaires.

Avancées Récentes

Des progrès significatifs ont été réalisés ces dernières années dans la compréhension et le traitement du cancer de l’ovaire. L’introduction des inhibiteurs de PARP, par exemple, a montré une efficacité prometteuse, en particulier chez les patientes présentant des mutations BRCA. De plus, des efforts accrus sont déployés pour améliorer le diagnostic précoce, notamment par la sensibilisation aux symptômes et le développement de nouvelles techniques de dépistage.

Rôle crucial du médecin généraliste

Le médecin de famille joue un rôle central dans :

  • L’évaluation de la fragilité : Utilisation d’outils comme le score G8 pour évaluer les capacités de la patiente à tolérer des traitements lourds.
  • La préparation au traitement : Amélioration de l’état nutritionnel (monitoré par l’albuminémie et la CRP) et gestion des comorbidités.
  • Le suivi : Surveillance des effets secondaires et prévention de la perte d’autonomie.

Pronostic : dépasser les limites liées à l’âge

Chez les femmes âgées, les cancers de l’ovaire sont souvent associés à un mauvais pronostic en raison de :

  • Une diminution des réserves fonctionnelles (nutritionnelles et physiologiques).
  • Une prévalence accrue de formes agressives et chimiorésistantes.
  • Des traitements souvent sous-optimaux par crainte des effets secondaires.

Cependant, l’âge seul ne doit pas être un facteur limitant. Une prise en charge adaptée peut offrir des résultats comparables à ceux des patientes plus jeunes.

En somme

Le cancer de l’ovaire chez la femme âgée demeure un défi clinique majeur en raison de son diagnostic souvent tardif et de la complexité de sa prise en charge.

Une attention particulière aux symptômes, une évaluation gériatrique complète et une approche thérapeutique personnalisée sont essentielles pour améliorer le pronostic de ces patientes.

Sources: – Moore K et al. Maintenance Olaparib in Patients with Newly Diagnosed Advanced Ovarian Cancer.N Engl J Med. 2018;379:2495-2505.

– Nadeau C. Femme âgée et cancer de l’ovaire. Revue de Médecine Générale et de Famille. 2021;17:14-18.

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