Eliminer le cancer du col de l’utérus : Utopie ou réalité
Le cancer du col de l’utérus est l’une des principales causes de décès par cancer chez les femmes à l’échelle mondiale. Pourtant, il est évitable grâce à un dépistage efficace et une vaccination généralisée contre le papillomavirus humain (HPV), un virus responsable de près de 100 % des cas. Les avancées dans les tests de dépistage et les nouvelles recommandations internationales marquent un tournant dans la lutte contre cette maladie.
Les HPV : principaux responsables du cancer du col de l’utérus
Les HPV sont les infections sexuellement transmissibles les plus courantes. Environ 80 % des individus seront infectés au moins une fois dans leur vie. Parmi les plus de 200 génotypes identifiés, les HPV à haut risque oncogène (HR-HPV), comme les HPV 16 et 18, sont responsables de la majorité des lésions précancéreuses et des cancers invasifs du col de l’utérus. Ces infections, souvent transitoires, peuvent néanmoins persister et évoluer vers des cancers sur une période de 10 à 15 ans.
Avancées dans le dépistage : le test HPV-HR comme référence
Traditionnellement, le frottis cervico-utérin (Pap test) était l’outil principal de dépistage. Cependant, les études récentes démontrent que le test HPV-HR par biologie moléculaire est plus sensible pour détecter les lésions précancéreuses.
Quels sont les avantages du test HPV-HR ?
- Sensibilité élevée : Détecte mieux les lésions CIN2+ et CIN3+ que le Pap test.
- Intervalle de dépistage prolongé : Un test négatif offre une protection de 5 à 10 ans.
- Coût-efficacité amélioré : Réduction de la fréquence des tests nécessaires.
Les recommandations de l’OMS et des autorités sanitaires (HAS, CDC) placent désormais le test HPV-HR comme méthode de dépistage primaire pour les femmes de plus de 30 ans.
L’auto-prélèvement est-il possible ?
Oui. L’auto-prélèvement vaginal est une méthode novatrice qui facilite l’accès au dépistage, particulièrement pour les femmes qui n’ont pas consulté depuis longtemps. Cette méthode :
- Offre une sensibilité comparable à un prélèvement réalisé par un professionnel si un test PCR est utilisé.
- Accroît le taux de participation au dépistage, selon des études récentes en France et dans d’autres pays.
Prévention primaire : La vaccination contre le HPV
La vaccination reste un pilier essentiel pour éliminer le cancer du col de l’utérus. Le vaccin nonavalent protège contre les HPV 16, 18 (responsables de 70 % des cancers) et 7 autres génotypes à risque.
- Efficacité : Prévention de 90 % des cancers causés par ces virus.
- Généralisation : Recommandée pour les filles et les garçons dès 11 ans pour maximiser la protection collective.
Perspectives d’avenir
Les progrès réalisés permettent d’espérer une élimination quasi-totale du cancer du col de l’utérus grâce à :
- Une vaccination généralisée.
- Un dépistage amélioré par des tests HPV-HR, intégrant des auto-prélèvements et des marqueurs de triage avancés comme le P16/Ki-67 et la méthylation de gènes.
Sources :
– Arbyn et al. National experience in the first two years of primary human papillomavirus (HPV) cervical screening in an HPV vaccinated population inAustralia: observational study. BMJ. 2022;30:376:e068582.
– Chenafi et Bourlet. Femme âgée et cancer de l’ovaire. Revue de Médecine Générale et de Famille. 2023;27:166-170.