Paracétamol : Un remède courant, une toxicité sous-estimée

Le paracétamol est l’un des médicaments les plus utilisés au monde pour traiter la douleur et la fièvre. Son efficacité et son accessibilité en font un incontournable de la pharmacie familiale. Pourtant, bien que généralement considéré comme sûr aux doses thérapeutiques, il peut entraîner des complications sévères en cas de surdosage, notamment une toxicité hépatique pouvant évoluer vers une hépatite aiguë sévère. Cet article détaille les risques liés à l’utilisation du paracétamol et met en lumière les facteurs qui influencent sa toxicité.

Pourquoi le paracétamol peut-il être toxique ?

Le métabolisme du paracétamol repose principalement sur une transformation dans le foie. A des doses normales, il est éliminé par glucuronoconjugaison et sulfatation. Cependant, une fraction du médicament est transformée en un métabolite toxique, le NAPQI, qui est neutralisé par le glutathion. Lors d’un surdosage, les réserves de glutathion s’épuisent, entraînant une accumulation du NAPQI et une toxicité hépatique.

Quelle est la dose toxique et qui est à risque ?

La toxicité du paracétamol est dose-dépendante. Chez l’adulte, un seuil de 10 g en une prise unique ou 4 g/jour pendant plusieurs jours peut provoquer une hépatite aiguë. Cependant, certains facteurs individuels peuvent aggraver la toxicité :

  • Consommation d’alcool chronique : Induit les enzymes du cytochrome P450, accélérant la formation du NAPQI tout en diminuant les stocks de glutathion.
  • Dénutrition : Diminue les réserves de glutathion et altère la capacité du foie à métaboliser le médicament.
  • Co-médications : Certains médicaments (rifampicine, phénytoïne, antibiotiques) modifient le métabolisme hépatique et peuvent majorer la toxicité.
  • Facteurs génétiques : Des polymorphismes affectant les enzymes impliquées dans la détoxification du paracétamol peuvent rendre certains individus plus vulnérables.

Comment détecter une intoxication au paracétamol ?

Les premiers symptômes apparaissent généralement 12 à 24 heures après l’ingestion et peuvent inclure des nausées, vomissements et douleurs abdominales. En l’absence de prise en charge, une insuffisance hépatique peut survenir en 72 heures, se manifestant par une élévation massive des transaminases, une augmentation de l’INR et une encéphalopathie hépatique.

Quels sont les traitements en cas d’intoxication ?

La prise en charge repose sur trois stratégies principales :

  1. Empêcher l’absorption : L’administration précoce de charbon activé (<4h post-ingestion) peut limiter l’absorption du paracétamol.
  2. Neutraliser le NAPQI : La N-acétyl-cystéine (NAC) est l’antidote principal, à administrer idéalement dans les 8 à 10 heures suivant l’intoxication pour restaurer les réserves de glutathion.
  3. Transplantation hépatique : En cas d’évolution vers une insuffisance hépatique fulminante, la greffe du foie peut être nécessaire.

En somme

  • Le paracétamol reste un médicament de premier choix pour soulager la douleur et la fièvre, mais son potentiel toxique ne doit pas être sous-estimé.
  • Une meilleure sensibilisation aux risques liés aux surdosages involontaires et aux facteurs de vulnérabilité individuels est essentielle.
  • Les avancées en pharmacogénétique pourraient à l’avenir permettre d’identifier les patients les plus à risque et d’adapter les doses en conséquence.

Principales sources 

– Decoster C. Paracétamol : Quelle est réellement la dose toxique. Journées AFEF 2018.

– Dehostingue  J. La consommation de Paracétamol chez l’adulte et sesconséquences. 2019. Dumas-03269935

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